Le 31 mars 2022

Abbaye du Thoronet & Centre d’art contemporain de Châteauvert

Abbaye du Thoronet

Avec ses sœurs, Silvacane et Sénanque, l’Abbaye du Thoronet est l’une des trois merveilles cisterciennes de Provence.
En 1136, des moines quittèrent l’abbaye de Mazan en Ardèche pour fonder un monastère sur les terres de Tourtour. Quinze ans plus tard, les moines se transportèrent à une vingtaine de kilomètres, près de Lorgues, en un lieu boisé.
Les travaux d’édification de l’abbaye Notre-Dame-du-Thoronet débutèrent en 1160 et s’achevèrent pour l’essentiel en 1175.
Au début du 13ème siècle, le monastère abritait une vingtaine de moines et quelques dizaines de frères convers. Moins de deux siècles plus tard, le déclin de l’abbaye est déjà entamé.
En 1660, le prieur faisait état de “la grande nécessité que les bâtiments de cette abbaye ont d’être réparés estans iceux en piteux état”. En 1699, on signala fissures et effondrements des toitures, portes rompues et fenêtres délabrées…
En 1790, sept moines âgés y résidaient encore. La disparition de l’abbaye menaçait lorsque, la découvrant, Prosper Mérimée la sauva en la signalant à Revoil, architecte des monuments historiques.
Dès 1873, ce dernier s’attacha à la restaurer. Cette restauration fut reprise après 1907 par son successeur Formigé, et se poursuit depuis lors. Dans son dépouillement, l’abbaye illustre à merveille la règle cistercienne qui proclame : “le monastère sera construit, si faire se peut, de telle sorte qu’il réunisse dans son enceinte toutes les choses nécessaires, savoir : l’eau, un moulin, un jardin, des ateliers pour divers afin d’éviter que les moines n’aillent dehors…“. Le style roman y atteint une rigueur jusque-là inconnue.


Centre d’art contemporain de Châteauvert

Le projet artistique du centre d’art contemporain de Châteauvert ne peut être dissocié de sa structure institutionnelle, de son site, de son histoire et de son implantation.
Situé au nord de l’Agglomération Provence Verte, cube de métal noir surplombant une prairie ensoleillée bordé par le fleuve Argens, le centre d’art s’oriente naturellement, de par cet écrin de nature préservée, autour de problématiques liées au vivant dans le sens de vivre ensemble. Sa programmation est induite par une réflexion mêlant à la fois les questions esthétiques, sociétales, environnementales ou économiques actuelles décloisonnant ainsi disciplines et approches.

Nicolas Boulard

Nicolas Boulard, né en 1976 à Reims, a fait ses études à l’école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg d’où il sort diplômé en art en 2002. Il rejoint ensuite le Collège Invisible, post-diplôme en réseau de l’école des Beaux-Arts de Marseille. Son travail artistique a été présenté dans plusieurs expositions personnelles en France (Frac Champagne-Ardenne, Frac Alsace, Frac Aquitaine, centre d’art la Halle des bouchers) et à l’étranger (Moma de San Francisco, Machine Project à Los Angeles, S-air au Japon). Il vit à Clamart, en Île de France.

Depuis près de 20 ans, cet artiste développe une pratique protéiforme et singulière. Doté d’une parfaite connaissance des règlementations du monde du vin, c’est en authentique spécialiste que l’artiste a transgressé les normes traditionnelles de production en plantant un vignoble dans une remorque (Clos Mobile 2009), en produisant un millésime fantôme du célèbre grand cru de la Romanée Conti (DRC 1946, 2007) ou en récoltant du raisin dans les supermarchés de Reims pour produire un Grand vin de Reims en 2006. Par ces gestes iconoclastes, l’intention est de produire de nouvelles formes. Depuis 2010, il travaille sur un projet intitulé Specific Cheeses, une étude sur la similitude des formes du Minimal Art et des fromages. Cette recherche artistique s’est développée sous la forme de performances avec la confrérie Specific Cheeses, de conférences (Cheese Theory et Cheese Analyse) et d’éditions avec les fanzines Specific Cheeses qui compilent dans 12 numéros une anthologie de la représentation du fromage dans les arts du Moyen-âge à nos jours. Que ce soit dans ces projets sur le vin, le fromage ou le pain, c’est en pleine conscience des enjeux environnementaux actuels que l’artiste a coopéré avec des personnalités engagées dans des pratiques naturelles et respectueuses des écosystèmes.

Nicolas Boulard réalise des sculptures et des installations en assemblant des références du Minimal art et de l’art conceptuel avec des matériaux organiques issus, pour la plupart, de productions alimentaires. Ses œuvres perturbent, avec beaucoup d’esprit, l’esthétique aseptisée du minimalisme américain en s’inspirant des formes structurées issues du fromage, du vin ou du pain. Son travail se caractérise par l’appropriation de matières issues de fermentation pour produire une œuvre atypique et unique : la fermentation est le passage d’un état à un autre où l’action de micro-organismes comme des levures modifie irréversiblement la nature originelle d’une matière. Ce processus de transformation est autant une source d’inspiration qu’une méthode de travail. Par des découpes de bois ou de feutre, des impressions sur papier en grand format, des moulages en plâtre ou en bronze, ses œuvres rendent comptent d’un processus en cours. En s’inspirant d’éléments prélevés dans son environnement quotidien et dans l’histoire de l’art, ses œuvres prennent une apparence incertaine, comme prises dans un état intermédiaire. L’esthétique géométrique perturbée par l’utilisation de matières vivantes nous rappelle que l’art est une pratique de la transition.

Par l’utilisation de matériaux naturels comme le feutre ou le bois, ses œuvres permettent d’isoler des concepts forts et nous font vivre une expérience particulière. Sa pratique artistique place le spectateur dans une situation ambiguë avec l’œuvre : que ce soit face à l’extravagance ornementale d’une tapisserie réalisée à partir de l’image du penicillium se diffusant dans une tranche de roquefort (Penicillium #1 et #2) ou à la disposition étrange des cavités dans la mie de tranches de pain démesurément agrandies et soigneusement découpées dans des planches de bois de peuplier (Pain #1 et #2). Ces assemblages s’apparentent aux grotesques qui, à différentes périodes de l’histoire de l’art, ont intrigué en mettant en avant un goût de l’hybridation, de la métamorphose et du caricatural. Pour son exposition intitulée Cheese Museum au centre d’art de Châteauvert, Nicolas Boulard a souhaité regrouper des œuvres récentes. Le partie pris d’une scénographie muséale immerge le visiteur dans un environnement structuré par des œuvres de grand format, des sculptures et une sélection d’objets provenant des collections du Mucem. Dans le sillage des musées d’artistes comme celui de Marcel Broodthaers ou de Martin Kippenberger, le Cheese Museum est une institution temporaire, une exposition vivante au développement organique dans laquelle se croisent des œuvres, des formes et des idées. Un espace où les individuations se construisent.


Réservation & information

Visite privée en français. Prix ​​et programme détaillé sur demande. Le nombre des places étant limité, merci de nous contacter par email cotedazur@la-visite.eu