Le 11 mai 2023

Claude Monet sur la Riviera italienne – Bordighera, Sasso & Dolceacqua

Claude Monet, Public domain, via Wikimedia Commons

Lumière, temps, nature : à la conquête du merveilleux

Extrait du texte de Silvia Alborno (traduit de l’italien)

 »Je pars rempli d’ardeur, il me semble que je vais faire des choses merveilleuses ».

Ce sont les simples, intenses, prophétiques mots que Claude Monet écrivit de la gare de Paris à son marchand d’art et mécène, Paul Durand-Ruel, le 17 Janvier 1884, peu avant de prendre le train, à destination de Bordighera. Bordighera, ce lieu dense d’exotisme magique qui l’avait secrètement et profondément séduit lors de son voyage d’exploration et découverte de la Riviera Franco-italienne, accompli en décembre 1883 avec l’ami Pierre Auguste Renoir, entre l’Estaque – où ils étaient partis rencontrer Paul Cézanne, curieux des nouvelles expérimentations de leur camarade, représentant essentiel du révolutionnaire groupe impressionniste- et Gênes.  »L’impression », un fil conducteur d’énergie vitale qui conduit Monet durant toute sa vie à la conquête de l’émerveillement, à peindre la lumière pour découvrir – notamment à Bordighera – cette nature touffue et luxuriante qui change constamment dans l’inévitable flux du temps. Et dans cette immersion quasi solipsiste – comme l’a bien noté Steven Levine – dans la nature, Monet cherche et se retrouve lui-même.  »Peindre la lumière », presque une obsession. Mais – comme l’explique Joachim Pissarro dans Monet et la Méditerranée –  »la lumière n’est rien sans les objets qu’elle révèle, dans son devenir incessant ».

Les 79 jours du séjour de Monet à Bordighera – du 19 janvier au début d’avril 1884 – coïncident avec le voyage dans un espace et un temps totalement inédit pour l’homme et l’artiste ; ils consistent dans sa première approche de la lumière et de la nature méditerranéennes. Cette première rencontre et le travail qui s’ensuit, il souhaite les vivre dans la solitude totale, sans la sollicitation et la diversion de copains comme Renoir, qui aurait probablement désiré partager l’expérience ligure de Monet. L’artiste demande explicitement à Durand-Ruel de ne dire à personne de son intention de retourner en si peu de temps sur la côte ligure et précisément à Bordighera  »l’un des plus beaux endroits que nous ayons vus durant notre voyage »… » j’ai toujours mieux travaillé dans la solitude et d’après mes seules impressions ». Voilà pourquoi Monet, à 44 ans, part en grand secret de Giverny, en Normandie, en laissant sa compagne Alice dans l’hiver et dans la maison où ils avaient déménagé depuis quelques mois avec leurs huit enfants : deux fils de Claude et Camille, décédée en 1879 après une longue maladie, les six autres fils de Alice et Ernest Hoschedé, un riche commerçant textile qui à cette époque était devenu supporteur et l’un des premiers collectionneurs du mouvement impressionniste. Il ressent fort l’urgence de suivre son inspiration et de revenir de suite travailler en plein air dans ce village ligure dont les  »motifs » l’ont si fortement touché. Comment ne pas le comprendre, Bordighera dans la deuxième moitié de 1800 était un paradis terrestre ; mais Monet sûrement l’a choisie, parmi tous les lieux visités en touriste avec Renoir, non pas pour ses aspects pittoresques et exotiques, mais essentiellement pour sa nature et sa lumière. Il avait promis à Alice une séparation de deux ou trois semaines, mais il restera à la Pension anglaise, aux pieds de Bordighera Alta, presque trois mois ; ici et dans les environs il peindra 38 toiles mémorables.

Réservation & information

Visite privée en français. Prix ​​et programme détaillé sur demande. Le nombre des places étant limité, merci de nous contacter par email cotedazur@la-visite.eu